Palmares des revenus des chanteurs français
Les fortunes de la musique
Disques de platine, mégatournées, revenus vertigineux... Le classement réalisé par Challenges et Weave révèle les locomotives françaises de l'industrie musicale, qui se réunit du 24 au 27 janvier au Midem, à Cannes. Derrière ces têtes d'affiche, de belles surprises et un modèle à réinventer.
A quelques jours du Midem, la grand-messe de l'industrie musicale qui se tient à Cannes du 24 au 27 janvier (lire page 54), Challenges publie pour la première fois, en partenariat avec le cabinet de conseil Weave, le classement du revenu des chanteurs. Révolution Internet ou pas, le palmarès fait triompher des valeurs sûres : Johnny, Mylène, Cabrel, Renaud, Pagny, et même l'inoxydable Jean Ferrat, qui, à près de 80 ans, s'offre le luxe de truster les premières places des albums vendus en 2009, avec la compilation de ses plus grands succès.
Quelques juniors réussissent à s'intercaler dans le club, comme Grégoire, le phénomène de l'autoproduction sur Internet (lire page 55). Mais ce n'est pas la révolution. «On constate un faible taux d'innovation en 2009, analyse Serge Assayag, associé au sein de Weave. Avec une domination des artistes polyvalents, auteurs-compositeurs et interprètes, à l'exception notable de Johnny.» Autre caractéristique 2009 : les mégatournées des deux vainqueurs, Johnny et Mylène, deux virtuoses du tiroir-caisse et seuls Français capables de remplir les tribunes du Stade de France plusieurs soirs de suite. Leur large audience leur permet de produire et rentabiliser des spectacles à gros budgets, générateurs de ventes de disques et de merchandising.
Le palmarès qui s'attache à répertorier les artistes les mieux payés pour leurs activités sur le territoire français ne fait pas apparaître les prouesses réalisées en 2009 par la production tricolore hors de l'Hexagone. «David Guetta a connu un succès historique l'an passé sur les marchés américain et britannique, signale Sophie Mercier, du Bureau Export, l'organisme parapublic chargé d'appuyer les artistes français à l'étranger. Et le groupe de pop versaillais Phoenix, peu connu en France, a été l'invité des grands talk-shows du soir et a été parmi les albums les plus téléchargés aux Etats-Unis.»
Parmi les autres gagnants, deux auteurs-producteurs-entrepreneurs se frottent les mains : Dove Attia et Albert Cohen, qui ont osé créer une comédie musicale intitulée Mozart l'opéra rock, dont l'album s'est classé parmi les meilleures ventes de l'année avant même que ne débutent le spectacle, en septembre à Paris, et une tournée en 2010. Le compositeur dont le nom est ainsi exploité est mort en 1791. Dans la misère.
Le top 10
1er : Johnny Hallyday, roc sur scène
9,7 millions d'euros Encore lui ! L'année 2009, celle de son jubilé (50 ans de chanson) et de ses adieux à la scène, aura été à l'image de l'ensemble de sa carrière : sur le fil du rasoir, entre le drame et le triomphe. Le tout dans un climat d'excitation médiatique rare.
Avec près de 10 millions d'euros de revenus, le millésime 2009 est particulièrement lucratif pour Jean-Philippe Smet, alias Johnny Hallyday. Il domine largement le classement des chanteurs français les mieux payés de l'année.
Revers de la médaille, le chanteur, qui fait travailler plus de 250 personnes sur sa tournée d'adieux, s'est épuisé à la tâche au point de ne pouvoir remonter sur scène pour la vingtaine de concerts prévus en ce début d'année. Son producteur, Jean-Claude Camus, et l'artiste convalescent sont en train de négocier avec les assureurs les spectacles annulés. Un travail ardu pour les experts du pool d'assurances qui doivent déterminer les causes et responsabilités qui ont conduit la star au service de soins intensifs de l'hôpital Cedars-Sinai de Los Angeles.
Pour sa part, Camus, 71 ans, qui a vendu sa PME au géant Warner en 2008, n'a pas envie de prendre sa retraite. Il s'apprête à déménager les bureaux de sa société et cherche déjà les mots qu'il pourra employer pour annoncer les ultimes adieux de la star. Un événement qu'ils espèrent organiser tous les deux dans quelques mois, si tout va bien. On ne se refait pas ! Les deux compères ont incroyablement marqué le business du spectacle depuis une trentaine d'années et connaissent par coeur la carte de France des Zénith et des stades de football. Ils ont peut-être oublié de vivre, mais ils savent mieux que personne comment gagner leur vie.
Challenge.fr
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