Haulchin, le 2 février 2021
LETTRE A UN COMPAGNON DE ROUTE PENDANT VINGT ANS
2 février 2021
Les vies sont toujours trop brèves
Et quand vient le moment de la séparation,
Vient aussi l’adieu.
Adieu à vingt années de collaboration.
Adieu à une amitié profonde.
Adieu mon cher Bourgmestre,
Adieu mon cher ami,
Te souviens-tu ?
Parfois, nous nous amusions à dire
qui écrirait le dernier texte, la dernière lettre.
Le virus a tranché.
Me voici avec l’avantage cruel d’écrire l’ultime.
L’ultime pour dire le vrai, le profond.
Concis, trancher dans le vif.
Oter le superflu, l’anecdotique.
Chercher le substantiel.
J’ai cherché.
CHERCHER
voilà le mot qui nous rassemble.
Nouveaux dans nos fonctions respectives,
Toi, bourgmestre
Moi, secrétaire communale,
Face aux changements institutionnels de l’époque.
Nouvelles matières, nouvelles manières,
De la plume à l’ordinateur.
Il fallait tout inventer,
Y compris soi-même.
Nous cherchions.
Toi, tu voulais le juste.
Moi je voulais l’utile.
Nos volontés se rejoignirent.
La condition était claire : « tu peux mais tu dois »
Pouvoir et devoir.
L’autorisation sous condition.
Une liberté, une responsabilité.
Et tu étais intraitable.
Recherche et action allèrent de pair,
Menées par des femmes et des hommes engagés,
Laborieusement et joyeusement.
Et de progresser en tâtonnant.
Tu aimais quand je comparais l’administration à une ferme
Les travaux journaliers, les travaux saisonniers,
Labourer, semer, récolter.
Toute une collectivité tendue vers les mêmes finalités.
Cet ancrage paysan nous rapprochait encore.
Un jour, tu nous a dit, sur la route de Namur et des cabinets wallons,
Partenaires de recherche,
« Avec Vous, je n’ai pas peur ! »
J’en garde encore dans l’oreille et le cœur,
Le plaisir d’entendre ce soupir de satisfaction.
« Vous » c’était tous ces femmes et ces hommes
Cultivateurs du meilleur d’eux-mêmes.
Une équipe « de pointe »dont tu étais fier et moi aussi.
Le pacte était scellé jusque la mort.
Le pacte entre la cause et le moyen,
Cette synergie alchimique
Entre la décision et l’exécution.
Aujourd’hui, la parenthèse s’est fermée.
Et je me retrouve,
Seule, au milieu de nulle part,
Mais forte des valeurs du travail accompli.
Merci Etienne,
Tu fus l’homme providentiel.
Le sait-on vraiment ?
En ces temps incertains,
De tels acquis restent à sauvegarder et à cultiver.
Il me reste à pactiser avec l’Espoir
De voir plus d’intelligence et d’humanisme
Ensemencer l’avenir.
Betty Richelet
Secrétaire communale honoraire