14 juillet 2016.
Une date que l’on ne peut oublier et qui restera gravée en chacun de nous.
Je me souviens de ce soir-là. Avec mon mari, on s’apprêtait à aller se coucher quand on reçoit un message d’un ami nous disant de regarder les infos. Avant même d’avoir pu allumer la télé, mon mari, ambulancier au SAMU, reçoit un message du travail demandant à tout le personnel disponible de venir au CHU pour renforcer les équipes. Alors que je reste bloquée devant les premières images du camion blanc criblé de balles, mon mari s’habille en vitesse et descend au CHU. La consternation et la peur me paralyse. Comment imaginer qu’un tel scénario ait pu se produire sur notre si belle Promenade ? Comment réaliser le nombre de victimes ? Comment peut-on faire une chose pareille ?
Soudain, un sentiment de désespoir. Désespérée de voir ce que l’espèce humaine est capable de faire. Et la peur. La peur d’élever mon fils de trois ans dans ce monde de cruauté et de folie.
Nuit blanche. Les images tournent en boucle dans ma tête. Mon mari finit par rentrer. Histoire sans parole. Il n’y a pas de mots pour exprimer ce qu’il a vu. Il garde alors l’horreur de cette scène pour lui, pour nous protéger.
Des jours et des semaines passent. Pas un sans penser à toutes ces victimes innocentes, sans penser à ce que peut ressentir leur famille. Et les larmes qui coulent à chaque fois. On se projette, on s’identifie. Et on a mal pour eux. Tellement mal. L’envie de pouvoir panser leur plaie, cette cicatrice désormais à jamais ouverte. L’envie de pouvoir leur faire du bien, de pouvoir les consoler, de pouvoir porter un peu de leur peine comme pour s’excuser d’être toujours en vie. La perte d’un être cher dans une telle circonstance est tellement injuste, inexplicable et incompréhensible.
Pourquoi eux ? Quelle cause mérite de tuer des innocents ? Cette folie meurtrière qui s’empare de notre pays, de notre monde me terrifie. Ne pas céder à la peur ? Facile à dire ! Après ce qu’il s’est passé, comment ne pas regarder attentivement les gens qui nous entourent dans un lieu public pour dépister un éventuel comportement suspect, envisager les sorties possibles ou les cachettes probables quand on est dans un lieu fermé ? Réaction humaine de sauvegarde et d’autoprotection. La peur conditionne nos comportements. Paranoïa ou sécurité ? A l’heure actuelle, nous vivons dans une période sombre où le terrorisme est partout. On ne peut l’ignorer. Alors on essaie de vivre avec ce sentiment d’insécurité, repensant à toutes ces victimes innocentes qui ne faisaient que profiter de la vie, comme nous essayons de le faire encore aujourd’hui.
Et là, une lueur d’espoir, un nouveau souffle. Un homme : Noël Smara. Un projet : 86 galets sur le toit du monde. Un hommage à nos anges. Rendre hommage, un véritable besoin pour moi. Puis, une première rencontre, avec Anne Murris. Puis d’autres avec Cindy Pellegrini et Emilie Petitjean. Rencontres émouvantes. L’envie que tout soit parfait pour toutes ces familles de victimes, pour leurs anges, pour nos anges. La perfection, c’était le moins que je puisse faire pour tenter d’apaiser leur peine à ma façon. La gentillesse, la simplicité, la dignité les incarnent. Je les admire tellement pour leur force et leur courage.
Un an après, l’hommage à Nice. Une très belle cérémonie. Des larmes, j’ai versé tellement de larmes lors de cette cérémonie. Et toujours dans une dignité exceptionnelle, Anne et Cindy qui viennent me consoler. Ne devrait-ce pas être à moi de les consoler ?
La preuve qu’elles ont réussi leur mission : faire triompher la paix et l’amour de la cruauté humaine et de l’obscurantisme. Grâce au projet des 86 galets de Noël Smara en hommage à nos 86 anges, nous nous sommes rencontrées et de là est née une véritable aventure humaine et une vraie famille : celle des galets. La solidarité, l’entraide et le partage dont ont fait preuve les enfants et les marcheurs me permettent de croire à nouveau en l’espèce humaine et en un monde meilleur.
Une pensée particulière à toi, Anne, qui a porté ce projet et avec qui j’ai partagé cette aventure. Une véritable leçon de vie qui marquera ma vie à tout jamais. Merci, merci à toi et à l’association de porter toutes ces valeurs, merci de m’avoir redonné confiance en l’espèce humaine.