Raymond Queneau, l'ami de toujours, a écrit dans l'avant-propos de l’édition de 1962 de l'Arrache-Coeur" en Livre de Poche ces magnifiques lignes :
« Boris Vian est un homme instruit et bien élevé, il sort de Centrale, ce n’est pas rien, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a joué de la trompinette comme pas un, il a été un des rénovateurs de la cave en France; il a défendu le style Nouvelle-Orléans, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a aussi défendu le bibop, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian est passé devant la justice des hommes pour avoir écrit J’irai cracher sur vos tombes, sous le nom de Vernon Sullivan, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a écrit trois autres pseudépygraphes, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a traduit de véritables écrits américains authentiques absolument, et même avec des difficultés de langage que c’en est pas croyable, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a écrit une pièce de théâtre, L’Équarrisage pour tous, qui a été jouée par de vrais acteurs sur une vraie scène, pourtant il n’y était pas allé avec le dos de la Q.I.R., mais ce n’est pas tout :
Boris Vian est un des fondateurs d’une des sociétés les plus secrètes de Paris, le Club des Savanaturiers, mais ce n’est pas tout :
Boris Vian a écrit de beaux livres, étranges et pathétiques, l’Écume des Jours, le plus poignant des romans d’amour contemporains; les Fourmis, la plus termitante des nouvelles écrites sur la guerre;l’Automne à Pékin, qui est une oeuvre difficile et méconnue, mais ce n’est pas tout :
Car tout ceci n’est rien encore : Boris Vian va devenir Boris Vian.»
Merci à tous ceux qui ont, dans des circonstances difficiles, réussi à aider Boris Vian à "devenir Boris Vian", et rappelé qu'il restera un de nos condisciples les plus dignes de faire partie des "Anciens Centraliens". Je pense tout particulièrement à Marie-Estelle, Jean-François, Philippe, Jean et toute la troupe de la Compagnie Clarance, ainsi qu'à Nicole, François et Christelle, Romain et tous ceux que j'oublie. Bravo aussi aux étudiants qui ont participé à la préparation de ces belles manifestations "virtuelles".
En ce qui me concerne, Boris m'accompagne comme un grand frère depuis cinquante ans. Un grand frère frondeur, génial, toujours là pour nous étonner, à travers une oeuvre immense, éclectique, universelle et qui n'a été encore qu'effleurée. Je lui souhaite longue vie et me réjouis de participer un jour à son bicentenaire...
Amitiés centraliennes.
Pierre Vareille (81)